Le débat La Provence avec les candidats de la Cinquième circonscription a eu lieu. Ce débat est important : la députée sortante Cathy Racon-Buzon, est candidate a sa propre succession, elle est la vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’assemblée nationale. Ce débat nous confirme la volonté du gouvernement, pardon du Président, d’étendre le dispositif de l’école du futur à l’ensemble des écoles du territoire.
Choisies dans une totale opacité, les écoles innovantes du futur vont en résumé bénéficier de 40k€ par école publique et 1/4 de décharge pour l’enseignant porteur du projet de l’école.
Enfin … D’après les informations disponibles dans les médias, là en encore pour la transparence, on repassera.
Aucune information officielle n’existe à ce jour sur ce dispositif expérimental qui sera généralisé à la rentrée …
Rien ne nous dit comment ils vont recruter les 11 000 enseignants nécessaires au remplacement des quarts de décharges alloués, quant aux budgets alloués aux écoles nous n’avons pas d’inquiétudes sur le financement par l’état de ce montant que nous estimons à un peu moins de 2 milliards (sur la base des 40 000 euros par ecole).
Cela n’aura échappé à personne, que par la loi Carle sur la parité de financement école publique et école privée sous contrat, ces moyens supplémentaires s’ils sont officialisés seront donc également donnés aux écoles privées sous contrat, soit approximativement 180M€.
Si l’école publique n’est pas prête, à notre avis, l’école privée est elle prête à accueillir ces financements.
Cela n’aura pas échappé non plus à tout le monde que les écoles publiques ne sont pas des personnes morales, et donc, pour pouvoir utiliser ce financement, elles devront se rapprocher d’un établissement comptable comme celui d’un lycée par exemple. Nous sentons les burnout poindre des agents comptables des collèges qui vont devoir gérer les achats des écoles.
Que fait-on de la coopérative scolaire dans tout ça ? tout cet argent et son usage échapperont à la ville et à son Projet Éducatif du Territoire. On le voit déjà dans les 59 projets, la disparité est affolante : ça va du jardin potager jusqu’à l’exploitation des neurosciences en passant par les classes flexibles.
Qui décidera de la viabilité des projets ? qui les évaluera ? qui contrôlera la gestion ?
La caisse des écoles aurait pu être l’outil idéal pour ça, mais nous sentons bien une volonté du gouvernement, pardon du Président, à détruire l’outil actuel des écoles publiques, pour appliquer le modèle des écoles privées à celui des écoles publiques.
C’est sans compter que le sujet du financement arrivera rapidement sur la table avec la philanthropie, et le mécénat comme alternative à l’État financeur.
Pour le besoin de personnel, l’académie de Versailles suffit à comprendre la solution.
Un peu d’histoire : en 1882, lors de la présentation au Parlement de sa réforme de l’Éducation nationale, Jules Ferry insiste sur le rôle que doivent jouer les caisses des écoles. L’adoption de la loi de 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire a pour corollaire d’obliger chaque commune à créer une caisse des écoles. Un modèle de statuts, adopté par la majorité des municipalités, est proposé. Chaque caisse des écoles est présidée par le maire et administrée par un comité composé de membres de la commission scolaire et de souscripteurs élus en Assemblée Générale.
Aujourd’hui, et conformément à la loi de programmation pour la cohésion sociale, les caisses des écoles sont légalement habilitées à intervenir en faveur des enfants relevant de l’enseignement du premier et du second degrés dans tous les domaines de la vie scolaire. Elles peuvent, en particulier, constituer des dispositifs de réussite éducative.
A Marseille, la caisse des écoles de la ville finance les projets d’école. Le projet d’école est un document rédigé par l’équipe pédagogique qui est valable pendant plusieurs années. Il comporte et décrit les enjeux objectifs, les actions, les dispositifs qui seront mis en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques des élèves, en tenant compte des caractéristiques de l’école.
Tout est là, tous les outils existent déjà. Aucune innovation dans la finalité, seulement, le Président sous couvert de marketing électoraliste, s’engouffre là où les collectivités sont défaillantes sur le fonctionnement de l’école, n’utilisant pas à bon escient les outils de l’école publique.
La caisse des écoles devrait être le lieu d’échanges ville/éducation nationale/parents pour construire la politique éducative de la ville. L’école devrait être un lieu apaisé, avec un périscolaire de qualité sur tous les temps non pédagogiques(pause méridienne comprise), l’école publique doit être gratuite pour toutes et tous et de qualité, gratuité des fournitures scolaires, gratuité de la restauration.
Nous craignons que ce dispositif soit effectivement généralisé à l’ensemble des écoles publiques, en laissant la liberté aux écoles d’utiliser le dispositif ou non.
Les écoles privées en bénéficieront d’une manière ou d’une autre par principe de parité de la loi Carle.
C’est vraiment dommage que Marseille soit au final devenue aujourd’hui le creuset des politiques libérales d’éducation du futur :
#Misere #Ecoles #Marseille